Une société se juge à son traitement des plus faibles : légaliser l'aide à mourir sans garantir les conditions de vie digne est un aveu d'échec civilisationnel. Les traitements catastrophiques que subissent les personnes âgées dans nos EHPAD devraient déjà nous alerter. Nous, Occidentaux, piétinons ouvertement la dignité humaine, la
Bonjour Nirina, je suis ton contenu depuis maintenant quelques mois. J'admire ton travail et suis reconnaissante des concepts que tu vulgarise, je suis d'accord avec toi sur un grand nombre de choses notamment ton opposition envers l'IA. Cependant sur ce sujet je ne suis pas du tout d'accord avec toi et je vais étayer mon propos du mieux que je peux.
Après une rupture d'anévrisme, ma grand mère est restée quelques jours dans le coma puis 6 mois dans un état de semi conscience ou elle ne pouvait rien faire excepté ouvrir les yeux. Cette période a été difficile pour toute ma famille, elle ne reconnaissait plus personne et pour nous tous sa "mort" symboliquement reste le jour de son accident bien qu'elle soit survenue des mois après.
Mon grand père quant à lui passé à an et demi en EHPAD et il n'a jamais été aussi malheureux de toute sa vie qu'à sa fin de vie et nous a confié qu'il aurait préféré mourir.
Tout ce que je dis c'est que il ne faut pas légaliser le droit à la fin de vie sous n'importe quelle condition, juste sous prétexte de vieillesse ou de handicap n'est pas acceptable selon moi, mais lorsqu'une personne est sous l'état de "légume" ou si elle est extrêmement âgée et préfère se retirer dignement selon ses choix que de rester malheureuse, alors je comprends la légalisation dans ces cas là. C est des fois un soulagement pour la famille de savoir que la personne en question ne souffre plus et qu'elle a pu achever sa vie de la manière dont elle le souhaitait. Mais bien sûr personne ne devrait mourir par peur d'être une charge pour l'entourage.
Merci à toi pour cet article et je te souhaite une bonne continuation.
Je pense que dans cet article Nirina ne parle pas des personnes qui souffrent à un point où même survivre est devenu inenvisageable
Elle parle surtout de l’extension de l’euthanasie à toute personne jugée arbitrairement non productive, et c’est ce qui risque inévitablement d’arriver
L’histoire de ta grand mère est dramatique mais j’imagine que c’est malheureusement à mon sens le meilleur argument des capitalistes qui soutiennent cette loi. Utiliser des cas isolés et touchants pour convaincre d’adhérer à une loi qui ne cherche pas à soulager des humains vieillissants dans la souffrance mais seulement à supprimer ceux qui seraient trop chers à faire vivre dignement. En soit tu n’es pas en désaccord avec Nirina mais tu montres bien ce qu’est réellement une aide médicale à mourir justifiée et justifiable par la souffrance d’un individu qui ne dépend ni du système de santé ni de la façon dont il est considéré socialement.
Merci pour cet article. Je me permets d'ajouter une citation que j'avais trouvé très juste sur ce sujet : "Dès lors qu’une personne aura le choix de vivre ou de mourir, elle sera mécaniquement considérée comme l’agent de sa propre survie. Ce qui constituait pour elle un simple donné – vivre sa vie jusqu’à son terme naturel – devient sa décision. Or si c’est sa décision, ou si les autres considèrent que tel est le cas, alors ils pourront l’en tenir pour responsable, et lui demander d’en justifier." (Erwan Le Morhedec)
Bien que j’apprécie habituellement votre style éloquent et engagé, je dois reconnaître que ce texte m’a déçu. J’y ai perçu un ton moralisateur, parfois alarmiste, qui semble peu ouvert à la complexité du débat. L’exemple canadien, en particulier, m’a semblé relever d’un procédé rhétorique proche de l’épouvantail, avec des chiffres saisissants mais présentés sans mise en contexte suffisante. Lorsque vous parlez d’explosion de cas, de 2016 à 2022, je suis curieux de la source de votre chiffre de 46%, car j’ai beau cherché dans les différents rapports annuels sur l’AMM (Aide Médicale à Mourir) au Canada, fournis par Santé Canada, j’y vois des augmentations de 26,1% (Rapport 1, p/r aux chiffres de 2018), de 34,2% (Rapport 2, p/r aux chiffres de 2019), de 32,4% (Rapport 3, p/r aux chiffres de 2020), 31,2 % (Rapport 4, p/r à 2021) et une augmentation de 15,8 % p/r à 2022, tel qu’indiqué dans le 5e rapport. Il aurait été intéressant d’ajouter qu’il s’agit d'un ralentissement par rapport aux années précédentes (2019 à 2022), dont le taux de croissance moyen était d'environ 31% selon ce même organisme fédéral. Pour ce qui est de l’analyse du chiffre, au lieu de le briguer comme un épouvantail, il aurait été pertinent de considérer l’effet de rattrapage (le backlog effect) qui tient compte du besoin latent qui existait avant la légalisation de la loi, tout en considérant le biais de périodisation, c’est-à-dire le fait de juger un phénomène sur une période trop courte sans attendre que les données se stabilisent. Dans ce cas, le taux de croissance observé en début de cycle ne reflète pas la tendance structurelle à long terme. J’ai trouvé une seule source qui indique 46% d’augmentation en un an, au Québec, pour l’année 2022, mais l’année suivante est une augmentation de 9%. Plus du quart de ces interventions de cette année-là ont eu lieu à domicile. Ce qui, bien sûr, est une situation « inquiétante » : mourir entouré de ses proches, dans un cadre familier, plutôt qu’en milieu hospitalier, souvent impersonnel, on imagine difficilement pire. Mais après tout, ce ne sont là que des chiffres, n’est-ce pas? De plus, derrière la phrase « Les délais de réflexion ont été supprimés si la mort naturelle semblait raisonnablement prévisible », il aurait été intéressant d’ajouter que cela s’inscrivait dans une démarche qui cherchait à atténuer les souffrances de patients chez qui le pronostic vital était engagé à très court terme, et pour lesquels prolonger inutilement le délai risquait d’aggraver la douleur physique ou psychique. Il ne s’agissait donc pas d’une banalisation de l’euthanasie, mais d’une réponse à l’urgence de certaines situations médicales, où la lucidité du patient et l’accord de l’équipe soignante permettaient une décision plus rapide, dans le respect de la volonté exprimée.
Je tiens aussi à rappeler que l’AMM n’est pas considérée comme une cause de décès par l’OMS, puisqu’il s’agit plutôt de la maladie ou de la blessure qui a déclenché l’enchaînement d’évènements. Ceci peut s’ajouter à votre argumentaire sur l’abus de langage auquel je suis assez d’accord dans le sens qu’il participe à une euphémisation de l’acte, mais je ne crois pas qu’ils cachent « l’effroyable vérité » qui est le décès. Depuis mon expérience à travailler en soins palliatifs depuis une dizaine d’années, la personne sait et comprend la finalité de l’acte en question. Je pense ici au cas d’un patient octogénaire, atteint d’un cancer de la joue depuis plusieurs années. Il avait subi de multiples traitements (chirurgies, chimiothérapie et radiothérapie), mais son cancer avait progressé malgré tout. Son visage était profondément déformé, il ne pouvait presque plus parler, avait de la difficulté à avaler sa propre salive, et ne supportait plus son reflet dans le miroir. Il recevait une médication assez lourde : dilaudid sous-cutané aux quatre heures, méthadone trois fois par jour, prégabalin à forte dose pour les douleurs neuropathiques, divers médicaments anti-nauséeux, benzodiazépines pour l’anxiété. Son espérance de vie était estimée à quelques semaines, peut-être un peu plus. Quand il m’a demandé quels étaient ses choix, je lui ai présenté les trois options existantes : les soins palliatifs conventionnels avec l’ajustement de médication quotidienne à travers le déclin inévitable, la sédation palliative continue (qui consiste à endormir une personne jusqu’à son décès « naturel »), et l’AMM. Il redoutait l’agonie, le sentiment de perdre le contrôle. Il souhaitait mourir entourée de ses proches, en étant lucide et sans douleur. Pour lui, l’AMM représentait une manière de choisir sa fin de vie dans la dignité. Dans ce contexte, cet acte devenait un soin. C’était le dernier soin que je pouvais lui offrir, non pas par automatisme médical ni par contrôle bio-politique d’un État, mais parce qu’il répondait à une souffrance que rien d’autre ne pouvait soulager. Je prends le temps de souligner ce mot : soin. Il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’un accompagnement jusqu’au bout, dans le respect de la volonté, de la dignité, et du vécu du patient.
Bref, j’ai axé ma réponse sur votre paragraphe concernant le Canada, en y intégrant une dimension personnelle. Je m’excuse au passage pour la longueur du texte; il reflète une tentative de répondre à ce que j’ai perçu comme une forme de rigorisme moral énoncé depuis une certaine hauteur, sinon une tour d’ivoire. Votre texte m’a d’ailleurs rappelé « La vie qui ne mérite pas de vivre » de Giorgio Agamben, un texte dans lequel vous retrouverez, je pense, de nombreux échos à vos arguments. Il est possible que vous vous en soyez déjà inspirée sans le mentionner explicitement, mais il me semblerait regrettable d’adopter une posture aussi affirmée sans reconnaître les sources intellectuelles qui ont pu nourrir votre réflexion.
Hâte de vous lire à nouveau, sur tous ces sujets que vous explorez si bien d’habitude.
Ayant demandé l'allocation adulte handicapé ayant eut un refus car mon taux de capacité est considéré de 50 %, hiérarchiser le handicap c'est déshumanisant( faut être considéré à 80 % ), je suis d'accord d'abord considéré l'humain là ce n'est pas une victoire !
Bonjour, j’ai fait partie de la convention en question. Si vous souhaitez échanger sur la démos participative et les conclusions de notre travail. Merci pour votre post intéressant
Merci pour votre texte profondément humain et lucide. L'enjeu de ce texte ne réside pas, comme certains peuvent le penser en une liberté individuelle mais est civilisationnel.
Que penser en effet de la dignité d'un peuple, d'une société, qui laissera passer une telle loi ? Qu'assurément elle n'est plus, et ne le sera plus jamais. Que par lâcheté, impuissance, fausse compassion, égoïsme, hypocrisie ou simplement indifférence, nous avons sacrifié, jusqu'à la dernière goutte de sang, notre humanité sur l'autel de la sacro-sainte liberté individuelle.
En laissant faire, nous acceptons non seulement de perdre une part de cette humanité collective mais acceptons également d'être compté un jour pour quantité négligeable. En effet, si cette loi ne nous concerne pas directement aujourd'hui, elle peut nous concerner demain.
Personne n'est infaillible. Nous pouvons tous, à la suite, d'une maladie, d'un handicap, ou tout autre accident de la vie, nous retrouver dans une souffrance indicible.
Qui voudrions en face de nous à ce moment là ?
Merci encore mille fois de refuser de perdre une part de votre humanité. Merci pour tout.
Cela signifie-t-il que dans un monde parfait, où les urgences ne seraient plus saturées par la bobologie et où les EHPAD offriraient des conditions irréprochables, il serait alors acceptable de donner à ceux qui souffrent de maux incurables et de douleurs insupportables un moyen légal de partir dignement, selon leur propre volonté ?
Croyez-moi, je fais partie de ceux qui peinent à se faire une religion sur ce sujet, entre ce que l’on souhaiterait pour soi-même, ce que l’on veut pour nos proches, et ce que l’on veut pour la société tout entière.
Mais je me demande dans quelle mesure ce raisonnement tient face à ceux qui, aujourd’hui, souffrent et réclament en vain une évolution de la loi. Peut-on vraiment leur dire : attendez que tout aille mieux pour que votre liberté devienne acceptable ?
Autre point : est-ce qu’on ne remplace pas une illusion par une autre ? On dénonce l’illusion du libre-arbitre des plus vulnérables, mais on s’en remet à celle, non moins trompeuse, d’un État providence capable de tout réparer. Même avec un budget excédentaire et des services publics rutilants, personne ne peut garantir à quiconque une fin de vie sans souffrance. Faut-il pour autant interdire à ceux qui en font lucidement la demande d’y mettre un terme dignement ?
Enfin et surtout, n’oublions pas non plus l’autre hypocrisie : ceux qui en ont les moyens n’ont qu’à franchir la frontière pour obtenir ce qu’on leur refuse ici. Le droit de mourir ne devrait-il pas être encadré plutôt qu’exilé ?
Merci pour votre article et votre plume évidemment !
Malheureusement, je pense que le problème n’est pas uniquement lié à la manière dont les élites nous perçoivent mais à la manière dont nous-mêmes nous percevons.
Combien de chômeurs, d’handicapés, de personnes âgées se définissent uniquement par leur capacité à produire ?
Seul un éveil total du peuple nous mènera à la liberté
Il y a des choses justes mais l'ensemble est un peu whataboutiste, oui il faut rendre les conditions de vie décentes pour tous mais en même temps l'euthanasie pour les gens atteints de maladie incurables et extrêmement douloureuses est un réel progrès humain qu'il faut décrocher du reste des cas de figure
Si tu vois une personne souffrant mentalement, voulant se jeter d’un toit sous tes yeux, tu serais capable de la regarder en face, de faire face à ses larmes, puis lui déclarer : “Ton corps, ton choix haha on n’est pas ensemble !”. Dans une telle situation, sa décision te paraîtrait-elle raisonnée ? Tu n’essaieras pas de l’en empêcher ? C’est cette individualisme nauséabonde que l’autrice critique.
Il faut aussi arrêter d’imaginer les gens qui optent pour l’euthanasie comme systématiquement des personnes se tordant de douleurs physiques du matin au soir, pour lesquelles le seul remède serait le SUICIDE. Beaucoup de gens qui prennent cette décision sont surtout des personnes désespérées, dévorées par la solitude et la culpabilité. L’autrice insiste bien sur les personnes qui se disent “Inutiles” et d’autres convaincues d’être un fardeau pour leurs proches. Donc pas de Whataboutisme du côté de Nirina, elle insiste simplement sur le fait que c’est beaucoup trop simple de laisser les gens se TUER, plutôt que de mettre des moyens dans des accompagnements médicaux, mentaux.
Il y a une claire dénonciation d’une tentative de diversion de l’Etat, que tu interprètes comme un Whataboutisme. L’Etat vous endort avec ses discours de “liberté”, alors qu’en réalité, il fait des économies sur le dos de vos aïeux que vous êtes prêts à abandonner.
T'as pas compris mon commentaire, je parle que d'un cas de figure précis et je trouve que c'est dommageable de le mettre avec le reste
Je suis ok avec 90% du texte de manière vague mais il existe bel et bien des situations où les malades en phase palliative demandent un arrêt à leur souffrance et je trouve ça trouve plus inhumain de ne pas accéder à leur requête que l'inverse, tout simplement
Nirina n'expose pas clairement son avis sur ce point là, et son élusion est dommageable voilà
Plutôt d'accord avec le reste même si c'est bizarrement structuré
Propos très justes mais je le nuancerais un peu avec le fait que dans le drame sociétal que nous traversons certes proposer l’accès à la mort sans tout mettre en œuvre pour aider à la vie est un non sens ontologique mais il restera toujours une myriades d’exceptions pour lesquelles des individus en conscience préféreront partir sereinement plutôt que de souffrir jusqu’à leur dernier souffle. Ces êtres humains ont à mons sens le droit de partir explorer l’après avec dignité.
Ca me fait bien marrer. Tu prétends que c'est ta civilisation alors que tes ancêtres n'ont littéralement rien fait à Madagascar. Ca chioune à l'appropriation culturelle alors que c'est ce que tu fais dans ton pavé illisible, ce sont des blancs qui ont fait l'Europe et la France pas tes amis marrants rancuniers qui n'ont jamais fait quoi que ce soit à part profiter et pleurer. Les boomers ont bien profité et ont voté pour ça : qu'ils crèvent. Ca coûtera moins cher en retraite, tu le saurais si tu travaillais au lieu de vivre des allocations. C'est bien pour ça que tu compatis avec ces parasites multi-propriétaires tu dépends de l'argent des actifs blancs tout comme eux.
Bonjour Nirina, je suis ton contenu depuis maintenant quelques mois. J'admire ton travail et suis reconnaissante des concepts que tu vulgarise, je suis d'accord avec toi sur un grand nombre de choses notamment ton opposition envers l'IA. Cependant sur ce sujet je ne suis pas du tout d'accord avec toi et je vais étayer mon propos du mieux que je peux.
Après une rupture d'anévrisme, ma grand mère est restée quelques jours dans le coma puis 6 mois dans un état de semi conscience ou elle ne pouvait rien faire excepté ouvrir les yeux. Cette période a été difficile pour toute ma famille, elle ne reconnaissait plus personne et pour nous tous sa "mort" symboliquement reste le jour de son accident bien qu'elle soit survenue des mois après.
Mon grand père quant à lui passé à an et demi en EHPAD et il n'a jamais été aussi malheureux de toute sa vie qu'à sa fin de vie et nous a confié qu'il aurait préféré mourir.
Tout ce que je dis c'est que il ne faut pas légaliser le droit à la fin de vie sous n'importe quelle condition, juste sous prétexte de vieillesse ou de handicap n'est pas acceptable selon moi, mais lorsqu'une personne est sous l'état de "légume" ou si elle est extrêmement âgée et préfère se retirer dignement selon ses choix que de rester malheureuse, alors je comprends la légalisation dans ces cas là. C est des fois un soulagement pour la famille de savoir que la personne en question ne souffre plus et qu'elle a pu achever sa vie de la manière dont elle le souhaitait. Mais bien sûr personne ne devrait mourir par peur d'être une charge pour l'entourage.
Merci à toi pour cet article et je te souhaite une bonne continuation.
Je pense que dans cet article Nirina ne parle pas des personnes qui souffrent à un point où même survivre est devenu inenvisageable
Elle parle surtout de l’extension de l’euthanasie à toute personne jugée arbitrairement non productive, et c’est ce qui risque inévitablement d’arriver
L’histoire de ta grand mère est dramatique mais j’imagine que c’est malheureusement à mon sens le meilleur argument des capitalistes qui soutiennent cette loi. Utiliser des cas isolés et touchants pour convaincre d’adhérer à une loi qui ne cherche pas à soulager des humains vieillissants dans la souffrance mais seulement à supprimer ceux qui seraient trop chers à faire vivre dignement. En soit tu n’es pas en désaccord avec Nirina mais tu montres bien ce qu’est réellement une aide médicale à mourir justifiée et justifiable par la souffrance d’un individu qui ne dépend ni du système de santé ni de la façon dont il est considéré socialement.
Merci pour cet article. Je me permets d'ajouter une citation que j'avais trouvé très juste sur ce sujet : "Dès lors qu’une personne aura le choix de vivre ou de mourir, elle sera mécaniquement considérée comme l’agent de sa propre survie. Ce qui constituait pour elle un simple donné – vivre sa vie jusqu’à son terme naturel – devient sa décision. Or si c’est sa décision, ou si les autres considèrent que tel est le cas, alors ils pourront l’en tenir pour responsable, et lui demander d’en justifier." (Erwan Le Morhedec)
Merci du partage !
Salut, je suis nouveau ! Je viens de ton Insta, et en effet, c’est plus intéressant et plus profond que tes vidéos.
Malgré ta voix “sourillante”, je préfère le format texte.
Est-ce que tu penses ajouter des sources à tes “écrits” ?
Comme cette histoire de chiffres avec le Canada, par exemple.
Sinon, bon sujet, et le paradigme humaniste est intéressant !
Bonjour Nirina,
Bien que j’apprécie habituellement votre style éloquent et engagé, je dois reconnaître que ce texte m’a déçu. J’y ai perçu un ton moralisateur, parfois alarmiste, qui semble peu ouvert à la complexité du débat. L’exemple canadien, en particulier, m’a semblé relever d’un procédé rhétorique proche de l’épouvantail, avec des chiffres saisissants mais présentés sans mise en contexte suffisante. Lorsque vous parlez d’explosion de cas, de 2016 à 2022, je suis curieux de la source de votre chiffre de 46%, car j’ai beau cherché dans les différents rapports annuels sur l’AMM (Aide Médicale à Mourir) au Canada, fournis par Santé Canada, j’y vois des augmentations de 26,1% (Rapport 1, p/r aux chiffres de 2018), de 34,2% (Rapport 2, p/r aux chiffres de 2019), de 32,4% (Rapport 3, p/r aux chiffres de 2020), 31,2 % (Rapport 4, p/r à 2021) et une augmentation de 15,8 % p/r à 2022, tel qu’indiqué dans le 5e rapport. Il aurait été intéressant d’ajouter qu’il s’agit d'un ralentissement par rapport aux années précédentes (2019 à 2022), dont le taux de croissance moyen était d'environ 31% selon ce même organisme fédéral. Pour ce qui est de l’analyse du chiffre, au lieu de le briguer comme un épouvantail, il aurait été pertinent de considérer l’effet de rattrapage (le backlog effect) qui tient compte du besoin latent qui existait avant la légalisation de la loi, tout en considérant le biais de périodisation, c’est-à-dire le fait de juger un phénomène sur une période trop courte sans attendre que les données se stabilisent. Dans ce cas, le taux de croissance observé en début de cycle ne reflète pas la tendance structurelle à long terme. J’ai trouvé une seule source qui indique 46% d’augmentation en un an, au Québec, pour l’année 2022, mais l’année suivante est une augmentation de 9%. Plus du quart de ces interventions de cette année-là ont eu lieu à domicile. Ce qui, bien sûr, est une situation « inquiétante » : mourir entouré de ses proches, dans un cadre familier, plutôt qu’en milieu hospitalier, souvent impersonnel, on imagine difficilement pire. Mais après tout, ce ne sont là que des chiffres, n’est-ce pas? De plus, derrière la phrase « Les délais de réflexion ont été supprimés si la mort naturelle semblait raisonnablement prévisible », il aurait été intéressant d’ajouter que cela s’inscrivait dans une démarche qui cherchait à atténuer les souffrances de patients chez qui le pronostic vital était engagé à très court terme, et pour lesquels prolonger inutilement le délai risquait d’aggraver la douleur physique ou psychique. Il ne s’agissait donc pas d’une banalisation de l’euthanasie, mais d’une réponse à l’urgence de certaines situations médicales, où la lucidité du patient et l’accord de l’équipe soignante permettaient une décision plus rapide, dans le respect de la volonté exprimée.
Je tiens aussi à rappeler que l’AMM n’est pas considérée comme une cause de décès par l’OMS, puisqu’il s’agit plutôt de la maladie ou de la blessure qui a déclenché l’enchaînement d’évènements. Ceci peut s’ajouter à votre argumentaire sur l’abus de langage auquel je suis assez d’accord dans le sens qu’il participe à une euphémisation de l’acte, mais je ne crois pas qu’ils cachent « l’effroyable vérité » qui est le décès. Depuis mon expérience à travailler en soins palliatifs depuis une dizaine d’années, la personne sait et comprend la finalité de l’acte en question. Je pense ici au cas d’un patient octogénaire, atteint d’un cancer de la joue depuis plusieurs années. Il avait subi de multiples traitements (chirurgies, chimiothérapie et radiothérapie), mais son cancer avait progressé malgré tout. Son visage était profondément déformé, il ne pouvait presque plus parler, avait de la difficulté à avaler sa propre salive, et ne supportait plus son reflet dans le miroir. Il recevait une médication assez lourde : dilaudid sous-cutané aux quatre heures, méthadone trois fois par jour, prégabalin à forte dose pour les douleurs neuropathiques, divers médicaments anti-nauséeux, benzodiazépines pour l’anxiété. Son espérance de vie était estimée à quelques semaines, peut-être un peu plus. Quand il m’a demandé quels étaient ses choix, je lui ai présenté les trois options existantes : les soins palliatifs conventionnels avec l’ajustement de médication quotidienne à travers le déclin inévitable, la sédation palliative continue (qui consiste à endormir une personne jusqu’à son décès « naturel »), et l’AMM. Il redoutait l’agonie, le sentiment de perdre le contrôle. Il souhaitait mourir entourée de ses proches, en étant lucide et sans douleur. Pour lui, l’AMM représentait une manière de choisir sa fin de vie dans la dignité. Dans ce contexte, cet acte devenait un soin. C’était le dernier soin que je pouvais lui offrir, non pas par automatisme médical ni par contrôle bio-politique d’un État, mais parce qu’il répondait à une souffrance que rien d’autre ne pouvait soulager. Je prends le temps de souligner ce mot : soin. Il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’un accompagnement jusqu’au bout, dans le respect de la volonté, de la dignité, et du vécu du patient.
Bref, j’ai axé ma réponse sur votre paragraphe concernant le Canada, en y intégrant une dimension personnelle. Je m’excuse au passage pour la longueur du texte; il reflète une tentative de répondre à ce que j’ai perçu comme une forme de rigorisme moral énoncé depuis une certaine hauteur, sinon une tour d’ivoire. Votre texte m’a d’ailleurs rappelé « La vie qui ne mérite pas de vivre » de Giorgio Agamben, un texte dans lequel vous retrouverez, je pense, de nombreux échos à vos arguments. Il est possible que vous vous en soyez déjà inspirée sans le mentionner explicitement, mais il me semblerait regrettable d’adopter une posture aussi affirmée sans reconnaître les sources intellectuelles qui ont pu nourrir votre réflexion.
Hâte de vous lire à nouveau, sur tous ces sujets que vous explorez si bien d’habitude.
Ayant demandé l'allocation adulte handicapé ayant eut un refus car mon taux de capacité est considéré de 50 %, hiérarchiser le handicap c'est déshumanisant( faut être considéré à 80 % ), je suis d'accord d'abord considéré l'humain là ce n'est pas une victoire !
Magnifique article. Priver la vie de ses outils, et proposer comme seul recours, la facilité à mourir est un non sens ontologique.
Merci beaucoup !
Bonjour, j’ai fait partie de la convention en question. Si vous souhaitez échanger sur la démos participative et les conclusions de notre travail. Merci pour votre post intéressant
Ps : peu importe l’opinion, très beau texte plein de sens et de réflexions très intéressante !
Merci pour votre texte profondément humain et lucide. L'enjeu de ce texte ne réside pas, comme certains peuvent le penser en une liberté individuelle mais est civilisationnel.
Que penser en effet de la dignité d'un peuple, d'une société, qui laissera passer une telle loi ? Qu'assurément elle n'est plus, et ne le sera plus jamais. Que par lâcheté, impuissance, fausse compassion, égoïsme, hypocrisie ou simplement indifférence, nous avons sacrifié, jusqu'à la dernière goutte de sang, notre humanité sur l'autel de la sacro-sainte liberté individuelle.
En laissant faire, nous acceptons non seulement de perdre une part de cette humanité collective mais acceptons également d'être compté un jour pour quantité négligeable. En effet, si cette loi ne nous concerne pas directement aujourd'hui, elle peut nous concerner demain.
Personne n'est infaillible. Nous pouvons tous, à la suite, d'une maladie, d'un handicap, ou tout autre accident de la vie, nous retrouver dans une souffrance indicible.
Qui voudrions en face de nous à ce moment là ?
Merci encore mille fois de refuser de perdre une part de votre humanité. Merci pour tout.
Merci beaucoup !
Cela signifie-t-il que dans un monde parfait, où les urgences ne seraient plus saturées par la bobologie et où les EHPAD offriraient des conditions irréprochables, il serait alors acceptable de donner à ceux qui souffrent de maux incurables et de douleurs insupportables un moyen légal de partir dignement, selon leur propre volonté ?
Croyez-moi, je fais partie de ceux qui peinent à se faire une religion sur ce sujet, entre ce que l’on souhaiterait pour soi-même, ce que l’on veut pour nos proches, et ce que l’on veut pour la société tout entière.
Mais je me demande dans quelle mesure ce raisonnement tient face à ceux qui, aujourd’hui, souffrent et réclament en vain une évolution de la loi. Peut-on vraiment leur dire : attendez que tout aille mieux pour que votre liberté devienne acceptable ?
Autre point : est-ce qu’on ne remplace pas une illusion par une autre ? On dénonce l’illusion du libre-arbitre des plus vulnérables, mais on s’en remet à celle, non moins trompeuse, d’un État providence capable de tout réparer. Même avec un budget excédentaire et des services publics rutilants, personne ne peut garantir à quiconque une fin de vie sans souffrance. Faut-il pour autant interdire à ceux qui en font lucidement la demande d’y mettre un terme dignement ?
Enfin et surtout, n’oublions pas non plus l’autre hypocrisie : ceux qui en ont les moyens n’ont qu’à franchir la frontière pour obtenir ce qu’on leur refuse ici. Le droit de mourir ne devrait-il pas être encadré plutôt qu’exilé ?
Merci pour votre article et votre plume évidemment !
Article très pertinent.
Malheureusement, je pense que le problème n’est pas uniquement lié à la manière dont les élites nous perçoivent mais à la manière dont nous-mêmes nous percevons.
Combien de chômeurs, d’handicapés, de personnes âgées se définissent uniquement par leur capacité à produire ?
Seul un éveil total du peuple nous mènera à la liberté
Il y a des choses justes mais l'ensemble est un peu whataboutiste, oui il faut rendre les conditions de vie décentes pour tous mais en même temps l'euthanasie pour les gens atteints de maladie incurables et extrêmement douloureuses est un réel progrès humain qu'il faut décrocher du reste des cas de figure
Si tu vois une personne souffrant mentalement, voulant se jeter d’un toit sous tes yeux, tu serais capable de la regarder en face, de faire face à ses larmes, puis lui déclarer : “Ton corps, ton choix haha on n’est pas ensemble !”. Dans une telle situation, sa décision te paraîtrait-elle raisonnée ? Tu n’essaieras pas de l’en empêcher ? C’est cette individualisme nauséabonde que l’autrice critique.
Il faut aussi arrêter d’imaginer les gens qui optent pour l’euthanasie comme systématiquement des personnes se tordant de douleurs physiques du matin au soir, pour lesquelles le seul remède serait le SUICIDE. Beaucoup de gens qui prennent cette décision sont surtout des personnes désespérées, dévorées par la solitude et la culpabilité. L’autrice insiste bien sur les personnes qui se disent “Inutiles” et d’autres convaincues d’être un fardeau pour leurs proches. Donc pas de Whataboutisme du côté de Nirina, elle insiste simplement sur le fait que c’est beaucoup trop simple de laisser les gens se TUER, plutôt que de mettre des moyens dans des accompagnements médicaux, mentaux.
Il y a une claire dénonciation d’une tentative de diversion de l’Etat, que tu interprètes comme un Whataboutisme. L’Etat vous endort avec ses discours de “liberté”, alors qu’en réalité, il fait des économies sur le dos de vos aïeux que vous êtes prêts à abandonner.
Merci d'avoir clarifié ma pensée !
T'as pas compris mon commentaire, je parle que d'un cas de figure précis et je trouve que c'est dommageable de le mettre avec le reste
Je suis ok avec 90% du texte de manière vague mais il existe bel et bien des situations où les malades en phase palliative demandent un arrêt à leur souffrance et je trouve ça trouve plus inhumain de ne pas accéder à leur requête que l'inverse, tout simplement
Nirina n'expose pas clairement son avis sur ce point là, et son élusion est dommageable voilà
Plutôt d'accord avec le reste même si c'est bizarrement structuré
Cet article pourrait vous intéresser: https://aoc.media/analyse/2025/06/11/ne-plus-soigner-une-tendance-actuelle/
D’accord sur toutes les lignes
Propos très justes mais je le nuancerais un peu avec le fait que dans le drame sociétal que nous traversons certes proposer l’accès à la mort sans tout mettre en œuvre pour aider à la vie est un non sens ontologique mais il restera toujours une myriades d’exceptions pour lesquelles des individus en conscience préféreront partir sereinement plutôt que de souffrir jusqu’à leur dernier souffle. Ces êtres humains ont à mons sens le droit de partir explorer l’après avec dignité.
Ca me fait bien marrer. Tu prétends que c'est ta civilisation alors que tes ancêtres n'ont littéralement rien fait à Madagascar. Ca chioune à l'appropriation culturelle alors que c'est ce que tu fais dans ton pavé illisible, ce sont des blancs qui ont fait l'Europe et la France pas tes amis marrants rancuniers qui n'ont jamais fait quoi que ce soit à part profiter et pleurer. Les boomers ont bien profité et ont voté pour ça : qu'ils crèvent. Ca coûtera moins cher en retraite, tu le saurais si tu travaillais au lieu de vivre des allocations. C'est bien pour ça que tu compatis avec ces parasites multi-propriétaires tu dépends de l'argent des actifs blancs tout comme eux.